Portrait publié dans la Newsletter n°1 des Pépites (septembre 2024)

­Pouvez-vous résumer votre parcours professionnel en 3 temps forts ?

Je dirais que mon parcours a été marqué par des rencontres qui en sont autant de temps forts. D’abord le jour où, aidant un enseignant dans sa classe de cp à confectionner des fusées à eau celui ci m’a proposé de prendre la classe pour une leçon de mathématiques : c’est à ce moment là que j’ai su que je serai professeur des écoles. Le premier degré, pour la polyvalence, la variété des disciplines à enseigner, la joie de voir un élève comprendre et grandir et la multiplicité des situations qui sont autant de défis à relever. 

Un deuxième temps fort a été la préparation du cafipemf où grâce à un professeur des universités, j’ai appris à mettre des mots et des concepts sur des actions, à exercer une premiere reflexivité et à endosser un costume de formatrice pour accompagner les enseignants. 

Enfin un troisième temps fort est la collaboration avec un inspecteur qui m’a poussée à passer le concours malgré mon peu d’ancienneté, il m’a poussée à oser. Ces rencontres, et bien d’autres ont façonné, enrichi, diversifié mon style professionnel et m’ont permis d’oser prendre ma place.

En quoi consiste votre poste actuel ?

Je suis inspectrice de l’éducation nationale, en charge d’une circonscription du premier degré, j’ai une quarantaine d’écoles sous ma responsabilité sur un territoire assez rural. Mes missions sont très diverses : évaluation suivi accompagnement des personnels sous ma responsabilité, formation, contrôle de l’instruction dans les familles, relations avec les collectivités, gestion des conflits, suivi de projets, co pilotage d’un territoire éducatif rural, évaluation des établissements, conseil à l’inspecteur d’académie directeur des services départementaux de l’éducation nationale, expertise pédagogique, pilotages de missions départementales : valeurs de la République, égalité filles garçons, lien avec les forces de l’ordre…

Pensez-vous qu’être une femme est un frein pour accéder à des postes de responsabilités dans la Fonction Publique ?

Oui, je pense qu’être une femme est un frein malgré les politiques déployées. Beaucoup de femmes s’autocensurent, lorsque j’ai été admissible au concours d’inspecteur, une enseignante m’a dit «  merci de nous montrer que c’est possible ». Faire reconnaitre ses compétences ne va pas de soi, parfois les réussites féminines ne sont pas attibuées au professionnalisme. Les stéréotypes sont une réalité et même si mon métier se féminise les femmes sont en minorité dans le haut encadrement. Nous sommes en 2024 et il est nécessaire de mettre en place par exemple des labellisations des établissement concernant l’engagement en faveur de l’égalité filles garçons.

Quelle personnalité féminine qui vous a particulièrement inspirée ?

Gabrielle, mon arrière grand-mère, avocate au début du XX eme siècle, alors que les femmes n’avaient pas le droit de vote. Elle a osé pensé différemment.

Quels conseils donneriez-vous aux Pépites qui souhaiteraient évoluer dans leur parcours professionnel ?

Oser prendre sa place. Oser avoir de l’audace et donner son cent pour cent pour tout ce qui dépend de soi.

Auriez-vous une situation/anecdote vécue à partager avec le réseau des Pépites, autour de l’égalité homme/femme en milieu professionnel ?

Le jour où j’ai présenté mon projet de label égalité filles garçons pour le premier degré, j’ai fait une introduction centrée autour de la question de la littérature féminine. La seule question qui m’a été posée est si j’avais fait exprès de mettre des boucles d’oreilles roses pour cette présentation.

Pourquoi soutenez-vous l’association Les Pépites Publiques ?

Je pense que les rencontres font la richesse du service public et qu’il est important de faire socle autour de valeurs communes. Partager des rencontres c’est inspirant et enrichissant et cela permet de construire des carrières variées, ou chacun prend sa place au service d’un idéal commun.